Les différentes dentitions

"L'appareil venimeux des serpents comprend essentiellement deux glandes qui synthétisent le venin, et un système d'injection constitué par des dents modifiées en crochets ; ceux-ci permettent à l'animal de faire pénétrer son venin assez profondément dans les tissus de sa proie ou de son agresseur.

Les glandes venimeuses sont apparues au cours de l'évolution à partir des glandes salivaires. Chez les Crotalinés, par exemple, elles dérivent des glandes labiales supérieures, de taille assez importante, constituées de tubules très ramifiés et logés dans une masse de tissu conjonctif. Ce sont les cellules de ces tubules qui sécrètent le venin.

 

De plus, près de l'orifice de la glande, le système collecteur s'enrichit d'un ensemble de cellules à mucus, qui jouent peut-être le rôle d'une valvule. L'anatomie des glandes à venin des Elapidés est similaire ; cependant, la séparation entre parties séreuses (productrices de venin) et muqueuses y est moins nette, et elles sont donc considérées comme plus primitives."

 

Le venin sécrété s'écoule dans les tubes collecteurs, où il est conservé : il n'hésite aucun dispositif spécialisé de stockage. Les crochets sont des dents plus grandes que les autres, creusés d'un sillon plus ou moins profond et plus ou moins clos par lequel s'écoule le venin et qui facilite son injection lors de la morsure. Seules les dents des os maxillaires (mâchoire supérieure) peuvent différer par la présence ou l'absence de ce sillon. Ces crochets sont souvent séparés des autres dents par un espace : le diastème. 

 

Schéma des différents types de dentitions chez les serpents...

 

Les serpents sont répartis en quatre groupes selon leur denture : 

 

- les aglyphes sont dépourvus de crochets, et souvent de glandes à venin, mais quelques couleuvres sécrètent une salive dotée de propriétés plus ou moins toxiques. Ils sont représentés par tous les serpents non colubroïdes, et par de nombreuses couleuvres appartenant notamment aux genres Coronella, Coluber et Elaphe.

Cette disposition n'est vraisemblablement pas la plus primitive : certaines couleuvres auraient secondairement perdu la fonction venimeuse.

 

- Chez les opistoglyphes, l'une des dents situées à l'arrière de chaque moitié de la mâchoire supérieure, souvent plus grande que les autres, est creusée d'un canal qui facilite l'écoulement du venin. Elle est précédée de petites dents coniques, parfois pourvues d'un sillon, mais jamais connectées à une glande venimeuse.

Ce type de denture est fréquent chez les Colubridés : couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), le genre Dromophis et d'autres Boïginés.

 

- Sont proteroglyphes les espèces qui ont un ou plusieurs crochets à l'avant des os maxillaires, correspondant aux dents les plus antérieures de la mâchoire. Ces crochets sont parfois suivis de dents dont la taille diminue progressivement vers l'arrière, comme chez la plupart des Elapidés. Le sillon peut alors être fermé sur une certaine longueur, mais la suture reste visible.

L'ouverture du canal ou du sillon permet à certaines espèces de cobras de cracher leur venin à une distance non négligeable (Hemachatus haemachatus, cobra cracheur d'Afrique du Sud, ou ringhal, et quelques espèces du genre Naja) les mambas (Dendroaspis) portent sur leurs maxillaires un seul crochet de grande taille.

Les Elapidés marins du genre Emydocephalus, qui consomment des oeufs de poissons, ont curieursement perdu toute leur denture à l'exception des crochets venimeux.

 

- Les solenoglyphes possèdent le système d'injection de venin le plus élaboré. Le crochet est une dent très longue, dont le canal d'injection est clos sur toute sa longueur. De plus, l'os maxillaire, auquel il se rattache, ainsi que sa dent de remplacement, est court et articulé à l'avant de la mâchoire. Ces dispositions permettent d'une part une injection en profondeur, d'autre part le reliement des crochets lorsqu'ils sont au repos.

Ce type de denture est caractéristique des Viperidés et se rencontre également chez les Atractaspidités. Certains auteurs pensent que les Viperidés proviendraient d'anciens protéroglyphes.

 

Dentition Aglyphe chez le genre Elaphe, ici un spécimen juvénile "climacophora" en plein repas...

 

L'appareil venimeux des serpents, en particulier celui des solénoglyphes, apparaît comme l'un des perfectionnés du monde animal.

 

Si sa fonction principale, la capture des proies, est évidente, le venin joue un rôle important dans leur digestion par les enzymes qui entrent dans sa composition. En outre, certaines adaptations, comme celle du cobra cracheur, s'assimilent plus à un organe de défense."

 

 

Texte de Jean-Claude Rage

 

Morsures en captivité

En captivité, il est parfois fréquent de se faire mordre, il faut savoir que chaque morsure est provoquée par un élèment déclencheur bien précis :

 

- Le stress, déclencheur de nombreuses conséquences est à prendre en compte.

En effet, le stress se présente sous différentes formes et à différents "niveaux", qui lui est causé par un facteur X, c'est-à dire que par exemple, un serpent trop manipulé, trop souvent dérangé dans son repos dans sa cachette va ressentir de plus en plus de stress, ce stress lui, va engendrer ensuite différentes choses, certains individus vont présenter des problèmes médicaux, comme des régurgitations (par exemple) s'il n'a pas complétement digéré, ou d'autres, vont tout simplement mordre, morsure qui sous-entend "laissez moi tranquille" pour se défendre....donc le facteur X (manipulations ici) va engendrer un second facteur X (le stress) qui va engendrer le facteur X final (la morsure)

Ce type de morsure est rapide et non continu, c'est-à-dire qu'une fois la morsure effectuée, le serpent lâche aussitôt prise

 

- L'effet de surprise, il se peut que parfois, lors de l'ouverture de terrarium ou en cas de manipulation que le serpent soit surpris fortement en voyant une paire de mains voulant le saisir, un cas de morsure peut donc être la conséquence de ce genre de comportement "rapide" envers le serpent

Ce type de morsure est le même que celui cité plus haut

 

 

Un spécimen prélevé peut tout simplement être agressif, pas encore tout à fait acclimaté ou tout simplement son comportement sauvage encore actif en captivité, il faut se dire qu'un spécimen sauvage n'a pas le même type de vie qu'un serpent en captivité, au final il est préférable d'avoir des spécimens nés en captivité, mais nous préférons dire "défensif" que réellement "agressif"

Ce type de morsure est le même que celui cité plus haut

 

- La mauvaise distinction entre la proie et l'homme, est cause de morsures . Il se peut que l'odeur d'une proie soit imprégnée sur les mains de l'éleveur - lors d'une décongélation, la personne n'a pas ou pas bien nettoyée ses mains avant de se rendre au terrarium, ce qui stimule le serpent qui lui, sent cette odeur de nourriture, encore plus pour les serpents qui sont équipés de fossettes thermoreceptrices car en plus de sentir l'odeur de la proie, la main de l'homme agit et stimule encore plus cette prédation sous effet de chaleur et d'infrarouge

Le cas est exactement le même si vous avez un rongeur en tant qu'animal de compagnie, que ce soit un rat, une souris, un lapin, ou même des oiseaux...De toute façon avant d'ouvrir les vitres d'un terrarium, il est nécessaire d'avoir les mains propres (voir rubrique "Hygiène")

Ce type de morsure en revanche est continu, si le serpent pense avoir affaire à de la nourriture, il va vouloir vous manger la main (ou le doigt) il faudra donc faire en sorte qu'il lâche prise, on peut pulvériser un peu d'eau sur le museau, certaines personnes pulvérisent du parfum 

Ce genre de morsure peut aussi arriver par réflexe pour les animaux en cours de nourrissage, entre deux proies, ou pensant qu'il s'agissait d'une seconde proie, stimulation et appétit 

 

- Les phéromones peuvent rentrer aussi en compte dans les morsures, il nous ai arrivé d'esquiver plusieurs morsures de femelle Morelia spp à cause de l'odeur d'un mâle d'une autre espèce de Morelia dans son terrarium, tout est rentré en ordre en supprimant la source du problème

Il n'est pas rare que cela arrive aussi chez les sauriens, bien au contraire !

 

Morsure de Colubridae d'environ un mètre, surpris lors de l'ouverture du terrarium, la morsure est quasiment indolore...

 

Morsure d'un Boïdae d'environ un mètre aussi ayant passé plus de 24h dans un transport express, le facteur de stress X en continu (cité plus haut), morsure un peu plus douloureuse que la première, sans conséquence si bien désinfectée...

 

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